Rouge

Rouge, Jan de Kinder.

"Au début, ça se voyait à peine. C’était tellement discret que personne ne l’avait remarqué. Sauf moi. J’ai pointé du doigt les joues d’Arthur. « Eh, t’es tout rouge… » Puis tout est allé très vite. Un clin d’oeil à Paul, un coup de coude à Ronan, un gloussement de Léna, et c’est parti : tout le monde s’est mis à chuchoter en regardant Arthur."

Contre le harcèlement

Ce livre est au plus près de la réalité dans les cours d'école où un petit dur à cuire mène la vie dure aux autres : on se tait, on ne dit rien, on sert les dents. Pourquoi ? Alors qu'il suffirait de parler, répète sans cesse les adultes. Oui, mais parler, si on est tout seul à le faire, alors c'est se mettre en avant, sous le feu de la colère... "Je ne veux pas mourir, moi."

Parce que le harcèlement, ça peut commencer par un petit geste, quelque chose qu'on ne voulait pas méchant. Et puis, quand tout s'aggrave, comment arrêter ?

Un album très touchant pour briser les tabous et dire que, faire face, ça peut se faire ensemble.

Contraste de couleurs

Avec une palette de rouges, noirs et blancs, l'auteur renforce le sentiment de malaise qui grandit, grandit et enfle de pages en pages jusqu'au moment où notre héroïne se décide à parler. Perdue dans une grande vague rouge, petit îlot blanc qui affronte la marée.

Et puis, la tension redescend, le rouge s'amenuise et, petit-à-petit, les couleurs reviennent. Malgré son côté "album-pansement" (c'est comme ça que j'appelle les albums conçus pour répondre à des problèmes de la vie réelle et, souvent, ils sont un peu forcés), il rend bien la réalité de ce que peuvent vivre les enfants, les sentiments qui les agitent et l'esprit qui règne dans une cour de récré.

En résumé : un album poignant pour lutter contre le harcèlement et rappeler que, ensemble, on lutte plus facilement contre ceux qui nous font du mal. Un principe qu'il ferait bon de rappeler aussi aux adultes, parfois.

De Kinder, Jan. Rouge. Paris : Didier Jeunesse, 2015. 13€10